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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/237

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MÉMOIRES SECRETS

tragédie est sans contredit celle où elle a le plus joué depuis long-temps.

2. — Theâtre de M. Favart, ou Recueil de comédies, parodies, opéras-comiques, avec les airs, rondes et vaudevilles, notés dans chaque pièce. Cet ouvrage, en huit volumes in-8o, contient une infinité de drames de toute espèce. On en connaît plusieurs qui ont eu un très-grand succès. Il paraît que les opéras-comiques sont le vrai genre de ce parodiste gai et naturel. Quiconque lira ce mélange, y trouvera une touche bien différente de celle de l’auteur des Trois Sultanes, d’Annette et Lubin, et tout récemment de l’Anglais à Bordeaux. On a mis plusieurs pièces sous le nom de madame Favart : il est à présumer qu’elle n’y a qu’une très-légère part.

5. — M. de Malesherbes quitte la présidence de la librairie au moyen de l’exil de M. le chancelier ; on ne sait encore qui le remplacera. Il paraît que la littérature ne pleurera pas ce Mécène ; on lui rend pourtant la justice d’avoir laissé un cours plus facile que par le passé à la liberté de la presse, sauf les persécutions ultérieures, quand une fois les ouvrages étaient répandus à un certain point.

7. — On a donné aux Italiens, le 27 septembre, la première représentation d’une pièce nouvelle, intitulée Les Amours d’Arlequin et de Camille. Ce drame, très-goûté quoique italien, est de M. Goldoni. On ne saurait croire combien, dans un sujet si simple, il y a de vraies beautés : les incidens en sont très-multipliés, et ils s’enchaînent tous et sortent naturellement les uns des autres. Le pathétique et le comique sont tellement fondus ensemble dans cette pièce, qu’ils ne font point disparate. Mamoiselle Camille y brille par le sentiment.