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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/239

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MÉMOIRES SECRETS

vres du Philosophe bienfaisant. On lit dans la préface un portrait de ce monarque, qui est une espèce d’historique de sa vie, par M. le chevalier de Solignac. Cet ouvrage ne peut que faire honneur au roi dont il porte le nom : tout en est très-estimable, à ne le regarder que comme production d’un citoyen, et on ne peut lui refuser des éloges en n’y considérant que l’homme de lettres. Dans les observations sur le gouvernement de Pologne, on lit : « Nous n’avons que trop souvent sujet de nous plaindre du choix que nous avons fait de nos rois. À peine avons-nous élevé nos rois sur nos têtes, qu’ils tachent de nous écraser : ils voudraient anéantir tout ce qui a contribué à les mettre sur le trône… » C’est un roi qui parle !

13. — On fait un conte assez plaisant pour donner matière à une comédie : en conséquence nous allons en donner l’extrait. On rapporte qu’à Roye le lieutenant-général faisait la cour à une demoiselle qui paraissait agréer son hommage. Un officier se mit sur les rangs, il ne put effacer le robin. Dans un accès de rage il le tire à part, lui déclare qu’il faut cesser ses assiduités auprès de la demoiselle, ou se déterminer à se battre. Le magistrat, homme de cœur, lui répond que rien n’est capable de l’intimider : il accepte le défi. Tous deux rendus au champ de bataille, le robin annonce qu’il ne sait point se battre à l’épée, mais qu’il a apporté des pistolets. Il en fait voir deux, donne à choisir au militaire, lui présente ensuite de quoi charger, le sien. La préparation faite, il continue d’offrir généreusement à son rival de tirer le premier : celui-ci tire, l’autre tombe ; il le croit mort, va prendre la poste et part. Quelque temps après, il rencontre quelqu’un de l’endroit, qui lui demande « ce qu’il était devenu, pourquoi il était parti sans dire mot. —