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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/240

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OCTOBRE 1763

Vous ne savez pas mon affaire, réplique l’officier surpris : c’est moi qui ai tué votre lieutenant-général. — Vous n’y pensez pas, repart en riant le quidam : il est plein de vie ; il vient d’épouser mademoiselle une telle… » Coup de foudre pour le militaire : il voit d’un coup d’œil toute la supercherie ; il reconnaît combien il a été dupe, il finit par en rire, et par avouer son étourderie. Le fait est que le magistrat lui avait présenté des balles artificielles, au moyen de quoi le pistolet n’était que chargé à poudre, Il avait fait le mort, se doutant bien de l’évasion de l’autre, etc.

15. — M. Mathon, jeune homme qui a des velléités de littérature, vient de débuter par de petites Lettres sur le Salon[1]. On sent bien qu’à cet âge il ne peut discuter, profondément un art tel que la peinture : c’est plutôt une description historique qu’une critique raisonnée des différens peintres. Il écrit d’une manière agréable et qui se fait lire.

16. — Épitre à Lucinde, par un sage.

Oui : c’est Lucinde[2] que j’ai vue :
C’est ainsi qu’elle eût soupiré ;
Oui, c’est bien cette âme ingénue,
Qui s’épanouit par degré :
Enfin, c’est la nature même,
Dans toi c’est elle que l’on aime ;
Tu dictes ses plus douces lois ;
Dans tes regards elle respire,
Sur ta bouche elle vient sourire,
Elle s’exprime par ta voix.

  1. Charles-Joseph Mathon de La Cour a publié, de 1763 à 1767, des Lettres sur les peintures, les sculptures et les gravures exposées au salon du Louvre en 1763, 1765 et 1767, trois parties in-12. — R.
  2. Mademoiselle Doligny, qui a joué le rôle de Lucinde dans l’Oracle. — R.