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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/270

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DÉCEMBRE 1763

piquant de la satire. Le tout est terminé par des réflexions très-judicieuses sur les gens de lettres et dont ils devraient faire leur profit. On y fait valoir, comme de raison, la nécessité dont ils sont pour les grands et avec quelle facilité ils pourraient s’en passer.

— Dans la suite du Journal de ce qui s’est passé à Toulouse, on lit ces vers mémorables contre le duc de Fitz-James :


Fils indigne du sang qui t’a donné naissance,
Proscrit de ta patrie, adopté par la France,
Ministre détesté d’un monarque chéri,
Cesse de déchirer le sein qui t’a nourri,
Contre l’autorité du plus juste des princes,
Toi seul aurais déjà soulevé ses provinces,
Si du cœur des Français ta farouche fierté
Eût pu bannir le zèle et la fidélité.
Odieux étranger, apprends à te connaître.
Louis seul a le droit de leur parler en maître.
Dociles à sa voix, redoublant leurs efforts,
Ils prodiguent pour lui leur sang et leurs trésors.
Lorsque des publicains l’avidité cruelle
Impose sous son nom quelque charge nouvelle,
Père tendre, il permet la plainte à ses enfans,
Il écoute les cris des peuples gémissans ;
De sages magistrats, sans blesser sa puissance,
Des Français épuisés lui peignent l’indigence.
Sensible à leurs douleurs, attendri par leurs maux,
Il adoucit pour eux le fardeau des impôts.
Mais quand des vils flatteurs l’essaim qui l’environne
Ose à la vérité fermer l’accès du trône,
Quand la France aperçoit pour la première fois
L’appareil militaire à la place des lois,
Le soldat effréné d’une main téméraire
De Thémis profaner l’auguste sanctuaire,
Et mettre dans les fers par un lâche attentat