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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/279

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MÉMOIRES SECRETS

lequel a pour titre de la Nature[1]. L’auteur avait gardé l’anonyme, et l’ouvrage fut alors attribué à plusieurs personnes ; il s’est fait connaître depuis. Il se nomme J.-B. Robinet, ministre du saint Évangile de Genève. Tel est le titre que se donne l’auteur à la tête du second volume, qui paraît depuis quelques mois. Il est aussi profond et aussi obscur que le premier.

4. — M. Thomas, qui avait été si accueilli par M. le duc de Praslin, vient d’essuyer la disgrâce inévitable à tous ceux qui veulent être honnêtes à la cour, cette région de perfidies et d’horreurs. On lui a su très-mauvais gré de n’avoir point postulé la place vacante à l’Académie et qu’a obtenue M. Marmontel. Malgré toutes les insinuations, les instances, les ordres qu’il a reçus là-dessus, malgré la certitude d’être promu, il s’est constamment refusé à supplanter son ami et son maître en littérature. En conséquence, M. le duc de Praslin vient de lui ôter la place de secrétaire intime.

5. — M. Fréron, toujours acharné contre M. de Voltaire, donne dans sa feuille l’histoire du conte de Ce qui plaît aux Dames. Il en rapporte une traduction en prose d’après Dryden. Il est certain que le fond est tiré de l’anglais ; mais, qu’est-ce que le fond de ces sortes d’ouvrages ? On ne peut ôter à ce grand poète la gloire d’avoir délicieusement rendu cette fable assez puérile, et qui n’a rien de piquant par elle-même.

8. — Il paraît un roman philosophique, intitulé l’Èlève de la Nature[2]. Ce livre, fait d’après les principes de Rousseau, a le mérite d’être écrit avec beaucoup de

  1. V. 3 janvier 1762. — R.
  2. Par Guillard de Beaurieu. — Amsterdam, 1764, 2 vol. in-12. Il existe une édition de cet ouvrage avec le nom de J.-J. Rousseau. — R.