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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/282

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FÉVRIER 1764

croyance. Ce livre est très-rare à Paris, et fort cher.

19. — Interdumque bonus dormitat Homerus ! Voici des vers que M. l’abbé de Voisenon a faits pour son ami Caillot : ils sont d’une plaisanterie rare et d’un ridicule à perpétuer[1]. La pièce est adressée à M. de Marigny : on y demande une place pour la sœur de ce comédien, marchande, obligée de quitter sa demeure sur un pont, dans le temps de l’inondation.


Protecteur des beaux-arts et de leur gloire antique,
Daignez être le mien dans ce triste moment.
Je vois tomber ma sœur dans le débordement,
Je voEt pour lors adieu la boutique.
Sa réputation, dont le vernis est beau,
Je voEst tout près d’aller à vau l’eau.
Je ne puis soutenir cette cruelle idée ;
Je voEt son mari deviendra fou
Je voDe voir sa femme débordée,
Ne pouvant garantir son plus petit bijou.
Vous pouvez la sauver de ce danger terrible :
Trouvez-lui quelque coin dans le palais des rois.
Nous consentirions même à monter sur les toits
Pour publier le trait de votre âme sensible.
JeLe sentiment augmentera ma voix :
Je voMes accens seront des offrandes,
JeEt j’obtiendrai des Dieux que sous vos lois
Vous ayez en détail tout le corps des marchandes.

21. — M. Huber vient de donner Daphnis et le Premier Navigateur, poëmes de M. Gessner, traduits en prose. Le premier parut, en original, en 1755 ; c’est le coup d’essai de l’auteur : l’autre est de 1762. Ces espèces de pastorales sont marquées au coin de l’antique, comme tous les ouvrages du poète allemand. Peu d’invention par-

  1. Ces vers manquent à l’édition des Œuvres de Voisenon. — R.