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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/296

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AVRIL 1764

sent, il y a quelques jours, à M. de L’Averdy, contrôleur-général, dont on attend tant de merveilles, d’une boîte de carton enrichie du portrait de Sully. Elle a assaisonné cette galanterie de toutes les grâces dont elle est capable, en disant à ce ministre que, présumant trop de sa modestie pour croire qu’il se fût fait tirer, elle lui envoyait son portrait véritable. Ces vers étaient dans la tabatière :


De l’habile et sage Sully
Il ne nous reste que l’image :
Aujourd’hui ce grand personnage
Va revivre dans L’Averdy.

14. — Le livre de M. d’Éon de Beaumont fait une sensation très-vive dans ce pays-ci. On y voit des lettres attribuées à MM. de Praslin, de Nivernois, de Guerchy, avec des notes de l’infidèle et perfide rédacteur. Elles ne donnent pas une idée avantageuse du génie, de l’esprit et de la politique de ceux qui les ont écrites. Il y en a de si extraordinaires, que malgré leur apparente authenticité, on serait tenté de croire qu’elles sont supposées. On est surtout fâché de voir M. de Nivernois, dont on avait une idée avantageuse, montrer la corde dans tous les points. Cet écrit est précédé d’une préface, dans laquelle M. d’Éon expose les motifs qui le forcent à publier ces lettres. L’indignité de son procédé, les disparates de sa conduite et de son style dans ses récits, dénotent un méchant homme et un fou.

15. — Ce soir est morte madame la marquise de Pompadour. La protection éclatante dont elle avait honoré les lettres, le goût qu’elle avait pour les arts, ne permettent point de passer sous silence un si triste événement. Cette femme philosophe a vu approcher ce dernier