Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
MÉMOIRES SECRETS

terme avec la constance d’une héroïne. Peu d’heures avant sa mort, le curé de la Madelaine, sa paroisse à Paris, étant venu la voir ; comme il prenait congé d’elle, « Un moment, lui dit la moribonde, nous nous en irons ensemble. »

18. — On a fait l’épigramme suivante sur un Jésuite qui s’est marié :


Uxorem ducis qui cornua trina gerebas ;
Pondus erit levius, cornua bina geres.

— On doit bien s’attendre que le tombeau de madame de Pompadour sera un objet d’hommages et de satires. L’épitaphe suivante remplit l’un et l’autre objet. On la suppose écrite au bas de son buste ; à côté sont l’Hymen et l’Amour en larmes, avec leurs flambeaux renversés.


FemCi-gît Poisson de Pompadour,
FemQui charmait la ville et la cour :
Femme infidèle, et maîtresse accomplie.
FemL’Hymen et l’Amour n’ont pas tort,
FemLe premier de pleurer sa vie,
FemLe second de pleurer sa mort[1].

19. — Il court des copies manuscrites de plusieurs Contes nouveaux de M. de Voltaire : les Trois Manières, Azolan, l’Origine des Métiers, l’Éducation d’un Prince. On y trouve toujours cette touche délicate qui n’appartient qu’à lui. Quoiqu’ils ne soient pas également bons, ils se font lire avec plaisir.

  1. L’épitaphe suivante, quoi qu’un jeu de mots fasse tout son mérite, nous semble digne d’être conservée.

    D. D. Joannis Poisson Epitahium.
    Hic Piscis regina jacet, quæ Lilia succit
    Pernimis. An mirum si floribus occuhat albis ?
     — R.