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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/299

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MÉMOIRES SECRETS

à déprimer ce grand homme, et sous le prétexte d’instruire de notre langue les jeunes gens et les étrangers, il avance sur les plus belles tragédies de ce père du théâtre des assertions qui en révoltent les partisans. Tout est croqué dans cet ouvrage de discussion ; il relève des fautes grammaticales que chacun découvre au premier coup d’œil, il se répète sans cesse ; et par une adresse qui n’est point assez cachée, il paraît adopter Racine, et le mettre au-dessus de son rival, pour le mieux écraser. En un mot, rien d’approfondi, point de vues générales, et nulle analyse réfléchie d’aucune de ces tragédies. On sent facilement que ce travail lent et coûteux ne sympathisait pas avec l’imagination fougueuse de M. de Voltaire.

25. — Le sieur Palissot a écrit au duc de Praslin pour le prier d’intercéder en sa faveur et demander son rappel : mais ce seigneur, tout débonnaire, n’a point voulu solliciter pour un pareil Scélérat.

26. — Les gazettes annoncent que le roi d’Angleterre a ordonné à son procureur général de la Cour du Banc de poursuivre M. d’Éon de Beaumont, dont il est tant question aujourd’hui, à la requête de M. de Guerchy, ambassadeur de France ; qu’en conséquence le procès a été commencé contre lui, comme auteur du libelle le plus scandaleux et des calomnies les plus atroces.

28. — Le roi a donné une pension de 2,000 livres sur l’évêché de Vabres à M. l’abbé Pluquet, docteur de Sorbonne, très-connu dans le monde littéraire par son Examen du Fatalisme, et qui a aussi donné au public un Dictionnaire des Hérésies. Quoique les matières qu’il a traitées ne soient pas à la portée de tout le monde, il a trouvé moyen de s’en rapprocher et de se faire lire avec plaisir et utilité.