Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
MÉMOIRES SECRETS

tracé avec force : mais il est plus aisé de peindre graphiquement qu’en action. Cette scène du partage du monde, qu’on annonçait comme si magnifique, si auguste, est le dialogue de deux brigands qui divisent entre eux les dépouilles des passans qu’ils ont détroussés. Nulle adresse, nulle dignité ; le style est ou trop emphatique ou plat ; on y remarque surtout des comparaisons, figure absolument proscrite de la tragédie. Ce dernier trait pourrait fortifier le soupçon que la pièce est de M. de Chabanon, le seul auteur tragique qui ait osé faire des comparaisons.

7. — On voit dans le London Chronicle, ouvrage périodique de Londres, un Dialogue entre M. Frugalité et M. Vérité. Notre ambassadeur, M. de Guerchy, est désigné sous le premier nom ; le chevalier d’Éon de Beaumont sous le second. On sait que le mot de frugalité annonce la parcimonie sordide que le dernier reproche à l’autre dans son ouvrage, et que les lettres de M. de Guerchy ne confirment que trop la justesse de l’imputation.

9. — Il paraît dans le public une brochure, en deux parties, qui a pour titre : Recherches sur quelques points d’histoire de la Médecine[1]. Cet ouvrage est rempli de beaucoup de personnalités contre différens médecins, de faux raisonnemens, d’idées absurdes, et élève le charlatanisme et l’empirisme fort au-dessus de la médecine rationnelle. Tel est le jugement qu’en portent les gens de l’art. Il peut être d’autant plus suspect, qu’on attribue cette singulière et bizarre production au docteur Bordeu.

10. — La Fortune en couche, allégorie de près de quatre cents vers. Dans cet ouvrage on suppose la fortune courant le monde, ayant un amant, qui est l’Or-

  1. Par Bordeu, fils. Liège, 1764, in-12. — R.