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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/332

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AOUT 1764

21. — Les Comédiens Italiens ont donné hier la première représentation d’une nouvelle pièce intitulée l’Anneau perdu et retrouvé, comédie en deux actes et en vers, mêlée d’ariettes ; les paroles sont de M. Sedaine et la musique de M. de La Borde. Les unes et l’autre ont paru plus que médiocres au public, et les acteurs n’ont pas osé l’annoncer pour une seconde fois. Elle reparaît cependant sur l’affiche.

Éloge de la guerre ; à Konigsberg, in-4o de vingt-huit pages. Cet ouvrage, qu’on dit être l’essai d’un jeune héros, est rempli de vues excellentes. On y remarque surtout, avec plaisir, que l’auteur aime l’humanité au moins autant que la gloire. Il envisage la guerre uniquement comme un moyen légitime et nécessaire, que l’Être suprême a mis dans la main des souverains pour repousser la violence, réprimer l’injustice, et ramener la paix.

25. — L’Académie Française a tenu aujourd’hui sa séance publique pour la distribution du prix : on savait d’avance que M. de Chamfort l’obtiendrait. Quatre pièces ont eu l’accessit. M. de Marmontel en a fait lecture. La première est de M. Prieur, avocat : elle est intitulée Épitre à un commerçant, qu’on suppose vouloir acheter des lettres de noblesse. Elle contient de très-belles choses, et a paru, au gré des spectateurs, emporter la préférence sur celle couronnée. La seconde, la Nécessité d’aimer, est de M. Gaillard, de l’Académie des Belles-Lettres. Ce sujet a plu à toute l’assemblée ; mais on a trouvé que l’auteur l’avait effleuré trop vaguement. Malgré tout l’onctueux qu’il prête, il paraît traité d’un ton sec et didactique. La troisième est une Épitre à Quintus sur l’insensibilité des Stoïciens, par M. Des Fontaines[1]. La

  1. C’est par erreur que le rédacteur des Mémoires dit que cette pièce obtint un accessit. — R.