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MÉMOIRES SECRETS

la planche a été payée par le roi, ainsi que la bordure du tableau. Quant au tableau, madame la princesse de Gallitzin en a fait présent à mademoiselle Clairon. M. Nougaret a fait les vers suivans pour être mis au bas du portrait :


Cette actrice immortelle enchaîne tous les cœurs ;
Ses grâces, ses talens lui gagnent les suffrages
Du critique sévère et des vrais connaisseurs :
Du cEt, de nos jours, bien des auteurs
Lui doivent le succès qui suivait leurs ouvrages.

20. — Richardet, poëme[1]. L’original italien de ce poëme est de M. Fortiguerra, prélat, qui n’entreprit cet ouvrage que dans la chaleur d’un pari. Il voulait rabaisser le mérite de l’Arioste, et prétendait qu’il composerait un pareil ouvrage avec une rapidité qui prouverait combien il est facile de réussir. La semaine suivante, il lut dix chants du poëme de Richardet, et l’acheva avec la même vitesse. Il est composé de trente chants. Le traducteur a su en réunir quinze dans six. On se doute bien que ce poëme est très-inférieur à son modèle, c’est-à-dire à l’Arioste : c’est une espèce de parodie de l’autre. Le traducteur annonce beaucoup d’esprit et de facilité : il a pris le rhythme du vers de cinq pieds, et s’est assujetti à, des octaves, suivant le goût italien, très-contraire à notre langue vive et déliée. Ce même poème a été traduit en hollandais : il est dans le genre de Berni. Le docteur Manetti prétend que le bernesque est, chez les Italiens, ce qu’étaient l’atticisme chez les Grecs, et l’urbanité chez les Romains.

  1. L’auteur de cette traduction est Antoine-François-Duperrier Dumouriez, né en 1707, mort en 1769, père du général qui a illustré ce nom. — R.