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AVRIL 1765

de tous les endroits de la salle ; on crie : À l’Hôpital la Clairon ! Molé, Brizard, Le Kain, Dauberval, au Fort-l’Évêque. L’orateur est obligé de se retirer, et l’on met de nouveau en délibération ce qu’on fera. Cependant le tapage continuait, et la garde voulait imposer silence. M. de Biron envoie dire qu’elle se contienne et laisse le public en liberté, qui ne cessait de répéter : la Clairon, à l’Hôpital ! etc. M. de Biron, consulté de nouveau par les Comédiens, leur conseille d’essayer toujours d’entrer, en scène, ce qui ayant été exécuté par Préville et madame Bellecour, les cris ont redoublé. Les acteurs, ne pouvant se faire entendre, rentrèrent dans la coulisse, et le spectacle ne pouvant avoir lieu, un sergent vint haranguer le parterre de la part de M. Le marechal de Biron ; il annonça qu’on allait rendre l’argent ou des billets.

Préville et l’autre semainier, le soir même, ont été rendre compte de l’aventure à M. le lientenan-général de police, qui leur a témoigné combien il était sensible à cela, mais qu’il ne pouvait se dispenser d’exercer ses chatimens.

16. — Fermentation étonnante dans Paris au sujet de cette histoire, grand comité des gentilshommes de la chambre tenu chez M. de Sartines. Le résultat est d’envoyer les coupables au Fort-l’Évêque. Brizard et Dauberval y vont aujourd’hui. Molé et Le Kain, en fuite, se sont arrêtés à une certaine distance, et ont écrit une belle lettre, où ils rendent compte de leur conduite, et déclarent que l’honneur ne leur permet pas de jouer avec un fripon.

Mademoiselle Clairon reçoit des visites de la cour et de la ville au sujet de cet événement. Elle ne peut di-