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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/409

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MÉMOIRES SECRETS

gérer l’affront qu’on a voulu lui faire de la mettre en face de Dubois. On rapporte à ce sujet qu’ayant interpellé quelques officiers qui faisaient cercle chez elle, et leur ayant demandé si, dans leur corps, ils n’en useraient pas de même si quelqu’un d’eux avait fait une bassesse ? ce qu’ils feraient ? s’ils ne le chasseraient pas ? et si, par extraordinaire, la cour voulait les forcer à garder un infâme, s’ils ne quitteraient pas tous ? « Sans doute, Mademoiselle, reprend l’un d’eux avec vivacité, mais ce ne serait pas un jour de siège. »

18. — Mademoiselle Clairon est au Fort-l’Évêque depuis avant-hier. Molé et Le Kain s’y sont rendus du lieu de leur retraite.

Les Comédiens ont repris hier leur service. Comme on craignait que la scène ne fut tumultueuse, on n’a fait afficher que fort tard, en sorte qu’il y a eu très-peu de monde, comme on le désirait, et des gens gagés qui ont applaudi un assez maigre compliment qu’est venu débiter Bellecour. M. de Sartines, à qui on l’attribue, était présent au spectacle. Ils ont joué ensuite le Chevalier à la mode et le Babillard, et tout s’est passé fort tranquillement. Le sieur Bellecour, en rentrant dans les foyers après son débit, a paru pénétré de la scène humiliante qu’il venait de jouer, et a déclaré qu’il fallait avoir autant d’attachement pour sa compagnie qu’il en avait, pour s’être prêté à un pareil rôle.

19. — Discours prononcé à la Comédie Française par Bellecour, avant la pièce du Chevalier a la mode.

Messieurs,

C’est avec la plus vive douleur que nous nous présentons devant vous ; nous ressentons avec la plus grande