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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/442

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AOÛT 1765

aujourd’hui qu’il ne lui convenait point d’accepter aucun don de particulier, fût-il ministre. En conséquence elle s’est refusée à la générosité de M. de L’Averdy, et elle a arrêté que la médaillé d’or de six cents livres serait divisée en deux, de trois cents livres chacune, pour être partagée entre les deux concurrens d’égale force, M. Thomas et M. Gaillard.

4. — M. le Dauphin ayant commandé son régiment de dragons à la revue qui en a été faite, voulut souper au camp. Un auteur profita de cette circonstance pour exercer ses talens grivois. Il composa une chanson qu’il fit chanter par un Dragon-Dauphin, et qui fut ensuite répétée au souper de Mesdames. La louange naïve quelle renferme, rendue aussi grossièrement, en devient plus piquante et plus naturelle. On attribue cette galanterie à M. Collet, auteur de l’Épître à l’Hymen. En voici un couplet pour échantillon :


Ma foi v’là qu’est arrangé :
Grand merci, not’capitaine ;
Reprenez votre congé,
L’métier n’a plus rien qui m’gêne.
J’ai vu Louis et ses enfans,
J’veux mourir pour ces honnêt’s gens.

7. — Les Comédiens Français commencent à s’occuper sérieusement de Pharamond. Cette tragédie, qu’une voix assez unanime attribuait à M. Thomas, reçoit aujourd’hui plusieurs pères. MM. le marquis de Ximenès, Colardeau, Barthe, La Harpe, Chabanon et Le Blanc sont sur les rangs. Tous renient cette production. On ne peut qu’admirer la modestie toute nouvelle de nos auteurs, qui s’enveloppe d’un incognito, si difficile à garder,