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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/478

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NOVEMBRE 1765

gistrat le prend sur le temps, et lui demande pourquoi donc il a abdiqué la place de fermier-général ? Celui-ci riposte en faisant sentir à l’autre la différence qu’il y a entre un homme qui, rassasié de richesses, rentre dans l’ordre modeste des citoyens, et quitte un état au moins inutile, et un magistrat. Suit un très-beau détail sur les pénibles et glorieuses fonctions de la robe.

8. — On écrit de Suisse qu’une société de citoyens s’y est formée, il y a quelques années, pour concourir à répandre la connaissance des vérités les plus utiles aux hommes et pour proposer des questions relatives à ce but. Parmi les mémoires adressés à la Société, il s’en est trouvé plusieurs qui avaient un certain mérite académique, mais aucun qui, par la précision de la forme et l’étendue des vues, satisfît aux désirs des juges. Dans ces circonstances la Société prit, en 1763, la résolution d’adjuger son prix à l’auteur des Entretiens de Phocion, M. l’abbé Mably. D’après les mêmes motifs, elle prend le parti d’offrir une médaille de vingt ducats à l’auteur[1] anonyme d’un traité publié en italien sur les Délits et les Peines, et l’invite à se faire connaître et à agréer une marque d’estime due à un bon citoyen qui ose élever sa voix en faveur de l’humanité contre les préjugés les plus affermis. L’auteur est prié de faire parvenir sa déclaration à la Société des citoyens, sous l’adresse de la Société typographique de Berne en Suisse. Cette Société renonce en même temps au dessein de proposer de nouvelles questions ; elle se contentera d’encourager l’esprit philosophique et la philanthropie par des témoignages d’approbation, donnés publiquement à des ouvrages vé-

  1. Beccaria. L’abbé Morellet a donné une traduction estimée du traité Des Délits et des Peines. — R.