gager à rendre son journal capable d’écraser les feuilles de son adversaire !
8. — Le Censeur hebdomadaire de M. Daquin, commencé en 1760, se continue cette année, mais son abondance est tarie de moitié. Ces feuilles ne seront plus que de vingt-quatre pages in-8o. Ce journaliste n’est ni profond ni plaisant. Comme c’est celui qui se reproduit le plus souvent, il est à même de se saisir de ce qui paraît, et d’en orner son ouvrage. C’est un auteur précaire, qui ne se soutient absolument que par le travail des autres.
9. — M. Falconet[1], médecin consultant du roi, des facultés de Paris et de Montpellier, de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, l’un des plus savans hommes de l’Europe, est mort hier après midi d’une rétention d’urine. Il avait quatre-vingt-onze ans. Il est plus cité comme éditeur, traducteur, et surtout compilateur, que comme auteur.
Il avait toute sa vie ramassé les anecdotes qu’il avait apprises ; il les mettait sur des cartes, et sa compilation se montait à plus de cent cinquante mille notes de cette espèce. Il a légué cette curieuse partie de son cabinet à M. de Sainte-Palaye, son confrère de l’Académie des Belles-Lettres.
On évalue la bibliothèque de M. Falconet à près de cinquante mille volumes. Il avait légué depuis long-temps au roi les livres rares et autres qui ne sont point à la Bibliothèque de Sa Majesté. Le nombre s’en monte à plusieurs milliers[2]. Il s’en était conservé l’usufruit, et