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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/79

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auteur n’a point encore fini la belle édition de Corneille, annoncée depuis deux ans. Le grand homme qu’il s’agit de commenter, l’excellence du commentateur, les pompeux éloges que l’on fait du commencement, tout contribue à piquer la curiosité. M. de Voltaire, à mesure qu’il avance l’ouvrage, en envoie les cahiers à l’Académie Française : il se soumet au jugement de cette compagnie, qui trouve jusqu’à présent plus à admirer qu’à critiquer.

9. — L’Opéra était déjà désert aujourd’hui. Mademoiselle Guimard, nouveau sujet dont ce théâtre vient de faire l’acquisition, a doublé mademoiselle Allard dans les Caractères de la Danse avec le plus grand succès : elle est d’une légèreté digne de Terpsichore ; il ne lui manque que des grâces un peu plus arrondies dans certaines parties de son rôle.

9. — M. de La Roche-Aymond, archevêque de Narbonne, a harangué aujourd’hui le roi au nom du clergé ; il a déployé beaucoup d’éloquence dans son discours nerveux, libre et concis. Il a surtout appuyé sur les besoins où était le peuple de l’amour le plus paternel de la part de son roi.

10. — Le succès de Zelmire se confirme, mais il se répand une anecdote qui ferait douter que M. de Belloy en fût le véritable auteur.

Ce M. de Belloy a long-temps été élevé par un oncle avocat, nommé Buirette. Sans détailler ici toute l’histoire romanesque de la naissance et de la vie de ce poète, il est très-certain que son oncle le disgracia pour n’avoir pas voulu suivre le barreau auquel il le destinait. Ce jeune homme passa en Russie ; il y a joué la comédie, et est revenu depuis quelques années. Il avait une tragédie dans son porte-feuille, intitulée Titus, Ayant eu accès