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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/90

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JUIN 1762

Plus il frappe, plus il s’allume.
Qui brûlTôt, tôt, etc.

L’Amour sait trop bien son métier
Pour n’avoir pas fait tout entier
Son ouvrage auprès de la belle :
Le marteau qui frappe les coups,
Ce serait moi, ce serait vous,
Si Manon n’était pas cruelle !
Qui brûlTôt, tôt, etc.

12. — On a arrêté plusieurs personnes qu’on soupçonnait auteurs du Balai, entre autres un jeune homme nommé Groubental[1]. Ou lui attribue déjà les Jésutiques ; Irus, ou le Savetier du coin.

— M. Linguet, jeune historien, donne au public un ouvrage qui paraîtrait devoir mûrir plus long-temps dans le silence du cabinet : c’est l’Histoire du Siècle d’Alexandre-le-Grand[2]. On se doute bien que celle du Siècle de Louis XIV a, servi de modèle, et c’est un malheur. Combien la première doit-elle rester au-dessous ! Il fallait, pour composer un pareil ouvrage, joindre au tact le plus fin, au goût le plus délicat, l’érudition la plus vaste et la plus consommée. Au reste, comme une histoire, quoique médiocre, n’est point à dédaigner, on lit celle-ci avec quelque plaisir : elle est assez bien écrite.

13. — Avant-hier, le parlement a condamné à la brûlure un poëme qui a pour titre : La Religion à l’Assemblée du Clergé de France[3]. Cet ouvrage, dont les vers

  1. Le poëme du Balai, comme on l’a vu plus haut, est de l’abbé Dulaurens. Grouber de Groubental avait été son collaborateur pour Les Jésuitiques. Ce dernier est mort à Paris dans les premières années de la restauration. — : R.
  2. Amsterdam (Paris), 1769, in-12. Simon-Nicolas-Henri linguet, né à Reims en 1736, guillotiné à Paris le 27 juin 1794. — R.
  3. Par l’abbé Guidi. 1762, in-12. — R.