Aller au contenu

Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cureur-général, l’Émile, ou Traité de l’Éducation, a été brûlé avec les cérémonies accoutumées. L’auteur est décrété de prise de corps : heureusement qu’il est en fuite[1].

11. — Chanson sur l’air : Tôt, tôt, tôt, battez chaud.


Cupidon s’est fait maréchal,
Et ce Dieu ne s’y prend pas mal,
Il veut Manon pour domicile ;
Il met sa forge dans ses jeux,
Dont il fait rejaillir des feux,
Qui brûleraient toute une ville.
Qui brûlTôt, tôt, tôt.
Qui brûlBattez chaud,
Qui brûlTôt, tôt, tôt.
Qui brûlBon courage,
Il faut avoir cœur à l’ouvrage.

Savez-vous quels sont ses soufflets ?
Deux petits tétons rondelets,
Qui vont même sans qu’on y touche ;
Il ne faut pour les mettre en train
Qu’y porter tendrement la main,
Ou qu’un doux baiser de la bouche.
Qui brûlTôt, tôt, etc.

Mais que fait-il de ses deux bras,
Si blancs, si ronds, si délicats ?
L’Amour en a fait des tenailles :
Ses bras charmans quand ils sont nus,
Même mieux que ceux de Vénus
Retiendraient le Dieu des batailles.
Qui brûlTôt, tôt, etc.

Amis, je ne vous dirai pas
Quel est ce lieu rempli d’appas,
Où l’Amour a mis son enclume ;
Mais sitôt qu’il y forge un dard,
Le trait s’enflamme, brille et part ;

  1. V. 20 août 1762. — R.