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Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/38

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Si l’uſage du Pays où il ſe trouve lui donne un libre commerce avec les Dames ; il ne doit pas negliger de se les rendre favorables en s’attachant à leur plaiſir & à ſe rendre digne de leur eſtime, le pouvoir de leurs charmes s’étend ſouvent juſqu’à contribuer aux reſolutions les plus imporantes d’où dépendent les plus grands évenemens ; mais en réüſſiſſant à leur plaire par ſa magnificence, par ſa politeſſe & même par ſa galanterie, qu’il n’engage pas ſon cœur ; il doit ſe ſouvenir que l’amour eſt d’ordinaire accompagné de l’indiſcretion & de l’imprudence, & que dès qu’il ſe laiſſe aſſujettir aux volontez d’une belle femme, quelque ſage qu’il ſoit, il court riſque de n’être plus le maître de ſon ſecret ; on a vû arriver de grands inconveniens par cette ſorte de faibleſſe, les plus grands Miniſtres ne ſont pas exempts d’y tomber, & il ne faudroit pas ſortir de notre temps, pour en trouver des exemples remarquables.

Comme la voye la plus ſûre de s’acquerir les inclinations du Prince auprès