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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/100

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LES ANCIENS CANADIENS.

ne leur en donnèrent pas le temps, car tombant sur eux à coups de casse-tête, ils en abattirent trois d’un vire-main, et les autres se sauvèrent sans qu’ils songeassent à les poursuivre. Le plus pressé était de nous ramener à notre mère qui pensa mourir de joie en nous embrassant.

De Locheill racontait aussi au pauvre malade les combats des montagnards écossais, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs usages ; les exploits quasi fabuleux de son héros Wallace ; tandis que Jules l’amusait par le récit de ses espiègleries, ou lui rapportait quelques traits d’histoire qui pouvaient l’intéresser.

Lorsque les jeunes gens firent leurs adieux à Dumais, il dit à Arché les larmes aux yeux :

— Il est probable, Monsieur, que je ne vous reverrai jamais ; mais soyez certain que je vous porte dans mon cœur ; et que moi, ma femme et mes enfants nous prierons le bon Dieu pour vous tous les jours de notre vie. Il m’est douloureux de penser, qu’en supposant même votre retour dans la Nouvelle-France, un pauvre homme comme moi n’aurait aucune occasion de vous prouver notre gratitude.

— Qui sait ? dit de Locheill ; peut-être ferez-vous plus pour moi que je n’ai fait pour vous.

Le montagnard écossais possédait-il la seconde vue dont se vantent ses compatriotes ? C’est ce que la suite de ce récit fera voir.

Les voyageurs laissèrent leurs amis de Saint-Thomas le trente d’avril, vers dix heures du matin, par un temps magnifique, mais des chemins affreux. Ils avaient six lieues à parcourir avant d’arriver à Saint-Jean-Port-Joli, terme de leur voyage : trajet qu’il leur fallait faire à pied, en pestant contre la pluie