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Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/365

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NOTES DU CHAPITRE QUATRIÈME.

Après onze ans de mariage, cet homme mourut dans cette paroisse le 27 avril 1760. Une vague rumeur se répandit alors que La Corriveau s’était défait de son mari, en lui versant, tandis qu’il était endormi, du plomb fondu dans l’oreille.

On ne voit pas toutefois que la justice de l’époque ait fait aucune démarche pour établir la vérité ou la fausseté de cette accusation ; et trois mois après le décès de son premier mari, La Corriveau se remariait en secondes noces, le 20 juillet 1760, à Louis Dodier, aussi cultivateur de Saint-Valier.

Après avoir vécu ensemble pendant trois ans, la tradition s’accorde à dire que, sur la fin du mois de janvier 1763, La Corriveau, profitant du moment où son mari était plongé dans un profond sommeil, lui brisa le crâne, en le frappant à plusieurs reprises avec un broc (espèce de pioche à trois fourchons). Pour cacher son crime, elle traîna le cadavre dans l’écurie, et le plaça en arrière d’un cheval, afin de faire croire que les blessures infligées par le broc, provenaient des ruades de l’animal. La Corriveau fut, en conséquence, accusée du meurtre conjointement avec son père.

Le pays étant encore à cette époque sous le régime militaire, ce fut devant une cour martiale que le procès eut lieu.

La malheureuse Corriveau exerçait une telle influence sur son père (Joseph Corriveau), que le vieillard se laissa conduire jusqu’à s’avouer coupable de ce meurtre : sur cet aveu, il fut condamné à être pendu, ainsi que le constate la pièce suivante extraite d’un document militaire, propriété de la famille Nearn, de la Malbaie.

Quebec, 10th April 1763.
general order.

« The Court Martial, whereof Lieutenant Colonel Morris was president, having tried Joseph Corriveau and Marie Josephte Corriveau, canadians, for the murder of Louis Dodier, as also Isabelle Sylvain, a canadian, for perjury on the same trial. The Governor doth ratify and confirm the following sentence : That Joseph Corriveau having been found guilty of the charge brough against him, he is therefore adjudged to be hung for the same.

« The Court is likewise of opinion that Marie Josephte Corriveau, his daughter and widow of the late Dodier, is guilty of knowing of the said murder, and doth therefore adjudge her to receive sixty lashes, with a cat o’nine tails on her bare back, at three different places, viz : under the gallows, upon the market place of Quebec and in the parish of St. Valier ; twenty lashes at each place, and to be branded in the left hand with the letter M.

« The Court doth also adjudge Isabelle Sylvain to receive sixty lashes with a cat o’nine tails on her bare back, in the same manner and at the same time and places as Marie Josephte Corriveau, and to be branded in the left hand with the letter P. »