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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/341

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terme, le geôlier lui signifia que, s’il ne sortait pas le lendemain de bon gré, il avait reçu ordre de le mettre à la porte. M. Bedard haussa les épaules et continua ses calculs algébriques. Comme plusieurs membres de sa famille, M. Bedard était un profond mathématicien.

Le geôlier patienta le lendemain jusqu’à une heure de relevée, mais, voyant alors que son prisonnier ne faisait aucun préparatif de départ, il lui déclara que s’il n’évacuait pas les lieux de bonne volonté, il allait, avec l’aide de ses porte-clefs le mettre à la porte, M. Bedard voyant que l’on prenait les choses au sérieux, et que contre la force il n’y pas de résistance, dit au gardien : au moins, monsieur, laissez-moi terminer mon problème. Cette demande parut si juste au sieur Reid, le geôlier, qu’elle fut accordée d’assez bonne grâce. Monsieur Bedard satisfait, à l’expiration d’une heure, de la solution de son problème géométrique, s’achemina à pas lents vers sa demeure.

Lorsque le chevalier Prevost prit en main les rênes du gouvernement de cette colonie, avant la guerre de 1812, son premier soin fut de rendre justice aux victimes de la tyrannie de son prédécesseur. Messieurs Panet, Bedard, Taschereau, Borgia, Blanchette, LaForce, et d’autres officiers de la milice canadienne, destitués par le gouverneur Craig, furent réintégrés dans leurs grades, et le nouveau gouverneur se fit un devoir de réparer, autant que possible, les injustices de la précédente administration.

Le chevalier Prevost, plein de confiance dans la loyauté des Canadiens, confia, pendant cette guerre, la