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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/385

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lui dis, après avoir ôté mon bonnet en la saluant jusqu’à terre : J’ai deux grâces à vous demander, mademoiselle ; d’abord, celle de me permettre de jouir de votre agréable compagnie aussi longtemps que nous suivrons la même route, et celle ensuite de vous soulager du fardeau que vous portez. Vous voyez, monsieur, ajouta le père Charretier, que c’était parler poliment comme un homme qui sait vivre avec le monde.

— Je vois, père Charretier, lui dis-je, que vous savez accoster une créature sans réplique, et qu’elle dut être sensible à vos politesses.

— Je n’eus point à m’en plaindre au début, répliqua le vieillard : elle me fit une belle révérence et me dit : C’est trop d’honneur que vous me faites de m’offrir votre agréable compagnie, et je l’accepte avec plaisir ; mais quant au léger paquet que je porte, ce n’est pas la peine de vous en embarrasser.

— Je n’ai pas été élevé parmi les sauvages, que je lui répliquai ; les gens du sud connaissent les égards qu’ils doivent à la créature.

— Puisque vous êtes si galant, vous autres messieurs du sud, à ce qu’elle me dit, voici le paquet.

Étant sous l’impression, fit le père Charretier, que ce paquet enveloppé proprement dans une nappe blanche contenait de la laine ou tout au plus du linge, je voulus le prendre sans précaution, mais, à ma honte, il m’échappa des mains et tomba à terre.

— Faites excuses, à ce qu’elle me dit : c’est une gaucherie de ma part d’avoir laissé tomber ce paquet.

J’étais rouge jusque dans le blanc des yeux, et me