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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/538

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chez vous la partie de votre toilette la plus indispensable à la décence ! »

Monsieur A. qui n’était qu’à la moitié de la besogne, se dépêche de repasser la rue en tenant à deux mains ses indispensables, comme les appellent les Anglais par pudeur ; et on doit présumer qu’il avait terminé sa toilette quand il déjeuna en famille.

Chose assez remarquable, les personnes distraites ont généralement beaucoup d’esprit comme en avait Monsieur A.


LE LAUZON.

Une promenade que j’ai faite aujourd’hui sur le rempart m’a fait souvenir du Lauzon, premier vapeur traversier faisant le service entre Québec et la Pointe-Lévis. Le commandement à bord des vapeurs se faisait de vive voix par le capitaine, avant que l’on eût substitué la cloche pour guider l’ingénieur.

Le premier capitaine du Lauzon était un excellent traversier de la Pointe-Lévis ayant nom Michel Lecourt, dit Barras ; il lui fallut un assez long apprentissage pour connaître la force de la vapeur et calculer la vitesse qu’elle imprimait au bateau, pour l’empêcher de se briser sur les quais des deux rives du Saint-Laurent qu’il devait accoster ; aussi arrivait-il fréquemment que le malheureux vapeur bondissait comme un bélier quand le capitaine Barras n’avait pas crié assez tôt à l’ingénieur ayant nom Joseph : Stop her, Joe ! (arrêtez-le, Joe !) » Il avait beau crier ensuite pour amoindrir le