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Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/548

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les a toutes emportées ; » en effet, Sa Majesté Satanique, sous la forme d’une perdrix de savane, venait de balayer le théâtre de polichinelle et de sa compagnie au milieu d’une danse des plus animées, et la mère Marseille avait tiré le rideau.

« Mais, mon prince, ajouta la mère Marseille, nous allons, pour dédommager votre principauté d’une si grande perte, lui donner le divertissement du siége de Québec, par les Américains en 1775, et de la raclée soignée que les Anglais et les Canadiens leur administrèrent en conséquence, pour leur apprendre à vivre poliment avec leurs voisins. »

Et la mère Marseille après avoir accouché de cette harangue belliqueuse, chanta pour amuser, sans doute, le Prince : « Malbrouk s’en va-t-en guerre, mirliton, mirlitaine : » depuis le premier jusqu’au dernier couplet.

On lève le rideau ; et les spectateurs voient avec étonnement la cité de Québec : il est bien vrai que cette ville en miniature est faite de carton, mais il n’y a pas à s’y méprendre : au sommet de la haute citadelle flotte le pavillon britannique, les troupes et les citoyens bordent les remparts, les canonniers sont à leur poste, mèche allumée, les bataillons américains montent à l’assaut, le canon tonne, une vive fusillade se fait entendre, les assiégeants prennent la fuite et la ville est sauvée.

L’orchestre joue le « God save the King » et toute la famille Royale d’Angleterre défile sur la scène : le Roi George III ouvre la marche, monté sur un cheval pur sang, portant la Reine Charlotte sur sa large croupe ; et les deux souverains, couronne en tête, sont suivis