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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/100

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et en mangeant des raisins, de provoquer l’appétit à boire du moût et du vin. Or, je ne dis pas que nous ne puissions user de ces choses dangereuses ; mais je dis bien pourtant que nous ne pouvons jamais y mettre de l’affection sans intéresser la dévotion. Les cerfs ayant pris trop de venaison s’écartent et retirent dedans leurs buissons, connaissant que leur graisse les charge en sorte qu’ils ne sont pas habiles à courir, si d’aventure ils étaient attaqués : le cœur de l’homme se chargeant de ces affections inutiles, superflues et dangereuses, ne peut sans doute promptement, aisément et facilement courir après son Dieu, qui est le vrai point de la dévotion. Les petits enfants s’affectionnent et s’échauffent après les papillons ; nul ne le trouve mauvais, parce qu’ils sont enfants. Mais n’est-ce pas une chose ridicule, ains plutôt lamentable, de voir des hommes faits s’empresser et s’affectionner après des bagatelles si indignes, comme sont les choses que j’ai nommées, lesquelles, outre leur inutilité, nous mettent en péril de nous dérégler et désordonner à leur poursuite ? C’est pourquoi, ma chère Philothée, je vous dis qu’il se faut purger de ces affections ; et, bien que les actes ne soient pas toujours contraires à la dévotion, les affections néanmoins lui sont toujours dommageables.