Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXIII

QU’IL SE FAUT PURGER DE L’AFFECTION
AUX CHOSES INUTILES ET DANGEREUSES


Les jeux, les bals, les festins, les pompes, les comédies, en leur substance ne sont nullement choses mauvaises ains indifférentes, pouvant être bien et mal exercées ; toujours néanmoins ces choses-là sont dangereuses, et de s’y affectionner, cela est encore plus dangereux. Je dis donc, Philothée, qu’encore qu’il soit loisible de jouer, danser, se parer, ouïr des honnêtes comédies, banqueter, si est-ce que d’avoir de l’affection à cela, c’est chose contraire à la dévotion et extrêmement nuisible et périlleuse. Ce n’est pas mal de le faire, mais oui bien de s’y affectionner. C’est dommage de semer en la terre de notre cœur des affections si vaines et sottes : cela occupe le lieu des bonnes impressions, et empêche que le suc de notre âme ne soit employé ès bonnes inclinations.

Ainsi les anciens Nazariens[1] s’abstenaient non seulement de tout ce qui pouvait enivrer, mais aussi des raisins et du verjus ; non point que le raisin et le verjus enivre, mais parce qu’il y avait danger en mangeant du verjus d’exciter le désir de manger des raisins,

  1. Il faudrait Naziréens : c’était une secte juive.