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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/131

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Saint Grégoire, évêque de Nazianze, ainsi que lui-même racontait à son peuple, se promenant sur le rivage de la mer, considérait comme les ondes s’avançant sur la (grève laissaient des coquilles et petits cornets, tiges d’herbes, petites huîtres et semblables brouilleries que la mer rejetait, et par manière de dire crachait dessus le bord ; puis, revenant par des autres vagues, elle repreliait et engloutissait derechef une partie de cela, tandis que les rochers des environs demeuraient fermes et immobiles, quoique les eaux vinssent rudement battre contre iceux. Or sur cela, il fit cette belle pensée : que les faibles, comme coquilles, cornets et tiges d’herbes, se laissent emporter tantôt à l’affliction, tantôt à la consolation, à la merci des ondes et vagues de la fortune, mais que les grands courages demeurent fermes et immobiles à toutes sortes d’orages ; et de cette pensée, il fit naître ces élancements de David : « O Seigneur, sauvez-moi, car les eaux ont pénétré jusques à mon âme ! O Seigneur, délivrez-moi du profond des eaux ! Je suis porté au profond de la mer et la tempête m’a submergé ». Car alors il était en affliction pour la malheureuse usurpation que Maximus avait entreprise sur son évêché. Saint Fulgence, évêque de Ruspe, se trouvant en une assemblée générale de la noblesse romaine que Théodoric roi des Goths haranguait, et voyant la splendeur de tant de seigneurs qui étaient en rang chacun selon sa qualité : « O Dieu, dit-il, combien doit être belle la Jérusalem céleste, puisqu’ici-bas on voit si pompeuse Rome la terrestre ! Et si en ce monde tant de splendeur est concédée aux amateurs de la vanité, quelle gloire doit être réservée en l’autre monde aux contemplateurs de la vérité ! »