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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/133

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Pharisiens ». Et voyant une autre fois un petit agnelet, nangé par un pourceau : « Eh ! petit agnelet, dit-il tout en pleurant, que tu représentes vivement la mort de mon sauveur ! »

Ce grand personnage de notre âge[1], François Borgia, pour lors encore duc de Candie, allant à la chasse faisait mille dévotes conceptions : « J’admirais, disait-il lui-même par après, comme les faucons reviennent sur le poing, se laissent couvrir les yeux et attacher à la perche, et que les hommes se rendent si revêches à la voix de Dieu ». Le grand saint Basile dit que la rose emmi les épines fait cette remontrance aux hommes : « Ce qui est de plus agréable en ce monde, o mortels, est mêlé de tristesse ; rien n’y est pur : le regret est toujours collé à l’allégresse, la viduité au mariage, le soin à la fertilité, l’ignominie à la gloire, la dépense aux honneurs, le dégoût aux délices et la maladie à la santé. C’est une belle fleur, dit ce saint personnage, que la rose ; mais elle me donne une grande tristesse, m’avertissant de mon péché, pour lequel la terre a été condamnée de porter les épines ». Une âme dévote regardant un ruisseau, et y voyant le ciel représenté avec les étoiles en une nuit bien sereine : « O mon Dieu, dit-elle, ces mêmes étoiles seront dessous mes pieds quand vous m’aurez logée dans vos saints tabernacles ; et comme les étoiles du ciel sont représentées en la terre, ainsi les hommes de la terre sont représentés au ciel en la vive fontaine de la charité divine ». L’autre, voyant un fleuve

  1. De notre temps.