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l’âme qui aspire à la dévotion que j’appelle Philothée, et les hommes ont une âme aussi bien que les femmes ».

Assurément ces hommes avaient tort d’être aussi délicats ; et l’on peut croire qu’ils s’estimèrent suffisamment éclairés par une explication qui était trop ingénieuse en vérité, pour n’être pas une leçon. Au demeurant, saint François de Sales ne pouvait se méprendre sur la valeur de cette interprétation, ni vouloir donner le change à son lecteur, puisqu’il a pris soin dans la Préface de son « Introduction à la vie dévote », de nous indiquer les circonstances qui provoquèrent la publication de son livre. « Ce n’a toutefois pas été par mon élection ou inclination que cette Introduction sort en public : une âme… ayant… reçu de Dieu la grâce de vouloir aspirer à la vie dévote, désira une particulière assistance pour ce regard ; et moi…, je me rendis fort soigneux de la bien instruire, et l’ayant conduite par tous les exercices convenables à son désir et sa condition, je lui en laissai des mémoires par écrit, afin qu’elle y eût recours à son besoin. Elle, depuis, les communiqua à un grand, docte et dévot religieux, lequel estimant que plusieurs en pourraient tirer du profit, m’exhorta fort de les faire publier[1]. « C’était, dit Camus[2], une dame de maison, native de Normandie, qui avait épousé un gentilhomme de marque en Savoie. …, qui était proche parent de notre bienheureux Père ». Elle se nommait Madame de Charmoisy. Des lettres

  1. Introd., préface.
  2. L’esprit du bienheureux François de Sales.