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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/163

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deux proches de votre fin, si l’ange ne vous trouve pas ensemble, vous courez grand péril de perdre vos couronnes ».

Le roi saint Louis visitait, comme par un prix fait, les hôpitaux et servait les malades de ses propres mains. Saint François aimait surtout la pauvreté qu’il appelait sa dame ; saint Dominique, la prédication de laquelle son ordre a pris le nom. Saint Grégoire le Grand se plaisait à caresser les pèlerins à l’exemple du grand Abraham, et comme icelui, reçut le Roi de gloire sous la forme d’un pèlerin. Tobie s’exerçait en la charité d’ensevelir les défunts ; sainte Élisabeth, toute grande princesse qu’elle était, aimait surtout l’abjection de soi-même ; sainte Catherine de Gênes, étant devenue veuve, se dédia au service de l’hôpital. Gassien raconte qu’une dévote damoiselle, désireuse d’être exercée en la vertu de patience, recourut à saint Athanase, lequel à sa requête, mit avec elle une pauvre veuve, chagrine, colère, fâcheuse et insupportable, laquelle gourmandant perpétuellement cette dévote fille, lui donna bon sujet de pratiquer dignement la douceur et condescendance.

Ainsi entre les serviteurs de Dieu, les uns s’adonnent à servir les malades, les autres à secourir les pauvres, les autres à procurer l’avancement de la doctrine chrétienne entre les petits enfants, les autres à ramasser les âmes perdues et égarées, les autres à parer les églises et orner les autels, et les autres à moyenner la paix et concorde entre les hommes. En quoi ils imitent les brodeurs qui, sur divers fonds, couchent en belle variété les soies, l’or et l’argent pour en faire toutes sortes de fleurs ; car ainsi ces âmes pieuses qui entreprennent quelque