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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/165

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comme dit saint Grégoire Nazianzène, que par une seule action de quelque vertu, bien et parfaitement exercée, une personne a atteint au comble des vertus, alléguant ahab, laquelle, ayant exactement pratiqué l'office d’hospitalité, parvint à une gloire suprême ; mais cela s’entend quand telle action se fait excellemment, avec grande ferveur et charité.


CHAPITRE II

SUITE DU MÊME DISCOURS DU CHOIX DES VERTUS


Saint Augustin dit excellemment que ceux qui commencent en la dévotion commettent certaines fautes, lesquelles sont blâmables selon la rigueur des lois de la perfection, et sont néanmoins louables, pour le bon présage qu’elles donnent d’une future excellence de piété, à laquelle même elles servent de disposition. Cette basse et grossière crainte qui engendre les scrupules excessifs ès âmes de ceux qui sortent nouvellement du train des péchés, est une vertu recommandable en ce commencement, présage certain d’une future pureté de conscience ; mais cette même crainte serait blâmable en ceux qui sont fort avancés, dedans le cœur desquels doit régner l’amour, qui petit à petit chasse cette sorte de crainte servile.

Saint Bernard en ses commencements, était plein de rigueur et d’âpreté envers ceux qui se rangeaient sous sa conduite, auxquels il annonçait d’abord qu’il fallait quitter le corps et venir à lui avec le seul esprit. Oyant leurs