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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/166

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confessions, il détestait avec une sévérité extraordinaire toutes sortes de défauts, pour petits qu’ils fussent, et sollicitait tellement ces pauvres apprentis à la perfection qu’à force de les y pousser il les en retirait ; car ils perdaient cœur et haleine de se voir si instamment pressés en une montée si droite et relevée. Voyez-vous, Philothée, c’était le zèle très ardent d’une parfaite pureté qui provoquait ce grand saint à cette sorte de méthode, et ce zèle était une grande vertu, mais vertu néanmoins qui ne laissait pas d’être répréhensible. Aussi Dieu même, par une sacrée apparition, l’en corrigea, répandant en son âme un esprit doux, suave, amiable et tendre, par le moyen duquel s’étant rendu tout autre, il s’accusa grandement d’avoir été si exact et sévère, et devint tellement gracieux et condescendant avec un chacun qu’il se fit « tout à tous pour les gagner tous ».

Saint Jérôme ayant raconté que sainte Paule, sa chère fille, était non seulement excessive, mais opiniâtre en l’exercice des mortifications corporelles, jusques à ne vouloir point céder à l’avis contraire que saint Épiphane son évêque lui avait donné pour ce regard, et qu’outre cela, elle se laissait tellement emporter au regret de la mort des siens, que toujours elle était en danger de mourir, enfin il conclut en cette sorte : « On dira qu’en lieu d’écrire des louanges pour cette sainte, j’en écris des blâmes et vitupères. J’atteste Jésus, auquel elle a servi et auquel je désire servir, que je ne mens ni d’un côté ni d’autre, ains produis naïvement ce qui est d’elle, comme chrétien d’une chrétienne ; c’est-à-dire, j’en écris l’histoire, non pas un panégyrique, et que ses vices sont les vertus des. autres ». Il veut dire que les déchets et défauts