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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/174

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courage, car, ces douleurs passées, la joie éternelle vous demeurera d’avoir enfanté un tel homme au monde. Or il sera entièrement formé en votre cœur et en vos œuvres par imitation de sa vie.

Quand vous serez malade, offrez toutes vos douleurs, peines et langueurs au service de Notre Seigneur, et le suppliez de les joindre aux tourments qu’il a reçus pour vous. Obéissez au médecin, prenez les médecines, viandes et autres remèdes pour l’amour de Dieu, vous ressouvenant du fiel qu’il prit pour l’amour de nous. Désirez de guérir pour lui rendre service ; ne refusez point de languir pour lui obéir, et disposez-vous à mourir, si ainsi il lui plaît, pour le louer et jouir de lui. Ressouvenez-vous que les abeilles au temps qu’elles font le miel, vivent et mangent d’une munition fort amère, et qu’ainsi nous ne pouvons jamais faire des actes de plus grande douceur et patience, ni mieux composer le miel des excellentes vertus, que tandis que nous mangeons le pain d’amertume et vivons parmi les angoisses. Et comme le miel qui est fait des fleurs de thym, herbe petite et amère, est le meilleur de tous, ainsi la vertu qui s’exerce en l’amertume des plus viles, basses et abjectes tribulations est la plus excellente de toutes.

Voyez souvent de vos yeux intérieurs Jésus-Christ crucifié, nu, blasphème, calomnié, abandonné, et enfin accablé de toutes sortes d’ennuis, de tristesse et de travaux, et considérez que toutes vos souffrances, ni en qualité ni en quantité, ne sont aucunement comparables aux siennes, et que jamais vous ne souffrirez rien pour lui, au prix de ce qu’il a souffert pour vous. Considérez les peines que les martyrs souffrirent jadis et celles que