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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/198

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Après ce doux effort, pratiquez l’avis que saint Augustin, jà vieil, donnait au jeune évêque Auxilius : « Fais, dit-il, ce qu’un homme doit faire ; que s’il t’arrive ce que l’homme de Dieu dit au psaume : Mon œil est troublé de grande colère, recours à Dieu, criant : Aie miséricorde de moi, Seigneur, afin qu’il étende sa dextre pour réprimer ton courroux ». Je veux dire, qu’il faut invoquer le secours de Dieu quand nous nous voyons agités de colère, à l’imitation des Apôtres tourmentés du vent et de l’orage emmi les eaux ; car il commandera à nos passions qu’elles cessent, et la tranquillité se fera grande. Mais toujours je vous avertis que l’oraison qui se fait contre la colère présente et pressante doit être pratiquée doucement, tranquillement, et non point violemment ; ce qu’il faut observer en tous les remèdes qu’on use contre ce mal. Avec cela, soudain que vous vous apercevrez avoir fait quelque acte de colère, réparez la faute par un acte de douceur, exercé promptement à l’endroit de la même personne contre laquelle vous vous serez irritée. Car tout ainsi que c’est un souverain remède contre le mensonge que de s’en dédire sur le champ, aussitôt que l’on s’aperçoit de l’avoir dit, ainsi est-ce un bon remède contre la colère de la réparer soudainement par un acte contraire de douceur ; car, comme l’on dit, les plaies fraîches sont plus aisément remédiables.

Au surplus, lorsque vous êtes en tranquillité et sans aucun sujet de colère, faites grande provision de douceur et débonnaireté, disant toutes vos paroles et faisant toutes vos actions petites et grandes en la plus douce façon qu’il vous sera possible, vous ressouvenant que l’Épouse au