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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/199

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Cantique des Cantiques, n’a pas seulement le miel en ses lèvres et au bout de sa langue, mais elle l’a encore dessous la langue, c’est-à-dire dans la poitrine ; et n’y a pas seulement du miel, mais encore du lait ; car aussi ne faut-il pas seulement avoir la parole douce à l’endroit du prochain, mais encore toute la poitrine, c’est-à-dire tout l’intérieur de notre âme. Et ne faut pas seulement avoir la douceur du miel, qui est aromatique et odorant, c’est-à-dire la suavité de la conversation civile avec les étrangers, mais aussi la douceur du lait entre les domestiques et proches voisins : en quoi manquent grandement ceux qui en rue semblent des anges, et en la maison, des diables.


CHAPITRE IX

DE LA DOUCEUR ENVERS NOUS-MÊMES


L’une des bonnes pratiques que nous saurions faire de la douceur, c’est celle de laquelle le sujet est en nous-mêmes, ne dépitant jamais contre nous-mêmes ni contre nos imperfections ; car encore que la raison veut que quand nous faisons des fautes nous en soyons déplaisants jet marris, si faut-il néanmoins que nous nous empêchions d’en avoir une déplaisance aigre et chagrine, dépiteuse et colère. En quoi font une grande faute plusieurs qui, s’étant mis en colère, se courroucent de s’être courroucés, entrent en chagrin de s’être chagrinés, et ont dépit de s’être dépités ; car par ce moyen ils tiennent leur cœur