Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir sur un enfant pour le corriger que non par les colères et courroux ; ainsi, quand notre cœur aura fait quelque faute, si nous le reprenons avec des remontrances douces et tranquilles, ayant plus de compassion de lui [que de passion contre lui, l’encourageant à l’amendement, la repentance qu’il en concevra entrera bien plus avant et le pénétrera mieux que ne ferait pas une repentance dépiteuse, ireuse et tempétueuse.

Pour moi, si j’avais par exemple grande affection de ne point tomber au vice de la vanité, et que j’y fusse néanmoins tombé d’une grande chute, je ne voudrais pas reprendre mon cœur en cette sorte : « N’es-tu pas misérable et abominable, qu’après tant de résolutions tu t’es laissé emporter à la vanité ? meurs de honte, ne lève plus les yeux au ciel, aveugle, impudent, traître et déloyal à ton Dieu », et semblables choses ; mais je voudrais le corriger raisonnablement et par voie de compassion : « Or sus ! mon pauvre cœur, nous voilà tombés dans la fosse, laquelle nous avions tant résolu d’échapper ; ah ! relevons-nous et quittons-la pour jamais, réclamons la miséricorde de Dieu et espérons en elle qu’elle nous assistera pour désormais être plus fermes, et remettons-nous au chemin de l’humilité ; courage ! soyons meshui sur nos gardes, Dieu nous aidera, nous ferons prou ». Et voudrais sur cette répréhension bâtir une solide et ferme résolution de ne plus tomber en la faute, prenant les moyens convenables à cela, et mêmement l’avis de mon directeur.

Que si néanmoins quelqu’un ne trouve pas que son cœur puisse être assez ému par cette douce correction, il pourra employer le reproche avec une répréhension dure et forte pour l’exciter à une profonde confusion, pourvu