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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/206

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fondées sur la quatrième qui est l’humilité. Je ne dirai rien de ces trois vertus en tant qu’elles sont vouées solennellement, parce que cela ne regarde que les religieux ; ni même en tant qu’elles sont vouées simplement, d’autant qu’encore que le vœu donne toujours beaucoup de grâces et de mérite à toutes les vertus, si est-ce que pour nous rendre parfaits il n’est pas nécessaire qu’elles soient vouées, pourvu qu’elles soient observées. Car bien qu’étant vouées, et surtout solennellement, elles mettent l’homme en état de perfection, si est-ce que pour le mettre en la perfection il suffit qu’elles soient observées, y ayant bien de la différence entre l’état de perfection et la perfection, puisque tous les évêques et religieux sont en l’état de perfection, et tous néanmoins ne sont pas en la perfection, comme il ne se voit que trop. Tâchons donc, Philothée, de bien pratiquer ces trois vertus, un chacun selon sa vocation ; car encore qu’elles ne nous mettent pas en l’état de perfection, elles nous donneront néanmoins la perfection même ; aussi nous sommes tous obligés à la pratique de ces trois vertus, quoique non pas tous à les pratiquer de même façon.

Il y a deux sortes d’obéissance : l’une nécessaire, et l’autre volontaire. Par la nécessaire, vous devez humblement obéir à vos supérieurs ecclésiastiques, comme au pape et à l’évêque, au curé et à ceux qui sont commis de leur part ; vous devez obéir à vos supérieurs politiques, c’est-à-dire à votre prince et aux magistrats qu’il a établis sur votre pays ; vous devez enfin obéir à vos supérieurs domestiques, c’est-à-dire à votre père, mère, maître, maîtresse. Or cette obéissance s’appelle nécessaire, parce que nul ne se peut exempter du devoir