Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’obéir à ces supérieurs-là, Dieu les ayant mis en autorité de commander et gouverner, chacun en ce qu’ils ont en charge sur nous. Faites donc leurs commandements, et cela est de nécessité ; mais pour être parfaite, suivez il encore leurs conseils et même leurs désirs et inclinations, en tant que la charité et prudence vous le permettra. Obéissez quand ils vous ordonneront chose agréable, comme de manger, prendre de la récréation, car encore qu’il semble que ce n’est pas grande vertu d’obéir en ce cas, ce serait néanmoins un grand vice de désobéir ; obéissez ès choses indifférentes, comme à porter tel ou tel habit, aller par un chemin ou par un autre, chanter ou se taire, et ce sera une obéissance déjà fort recommandable ; obéissez en choses malaisées, âpres et dures, et ce sera une obéissance parfaite. Obéissez enfin doucement, sans réplique ; promptement, sans retardation ; gaîment, sans chagrin ; et surtout obéissez amoureusement pour l’amour de Celui qui pour l’amour de nous « s’est fait obéissant jusques à la mort de la croix », et lequel, comme dit saint Bernard, aima mieux perdre la vie que l’obéissance.

Pour apprendre aisément à obéir à vos supérieurs, condescendez aisément à la volonté de vos semblables, cédant à leurs opinions en ce qui n’est pas mauvais, sans être contentieuse ni revêche ; accommodez-vous volontiers aux désirs de vos inférieurs autant que la raison le permettra, sans exercer aucune autorité impérieuse sur eux tandis qu’ils sont bons.

C’est un abus de croire que si on était religieux ou religieuse on obéirait aisément, si l’on se trouve difficile et revêche à rendre obéissance à ceux que Dieu a mis sur nous.