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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/209

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CHAPITRE XII

DE LA NÉCESSITÉ DE LA CHASTETÉ


La chasteté est le lis des vertus, elle rend les hommes presque égaux aux anges ; rien n’est beau que par la pureté et la pureté des hommes, c’est la chasteté. On [appelle la chasteté honnêteté, et la profession d’icelle honneur ; elle est nommée intégrité, et son contraire corruption : bref, elle a sa gloire tout à part, d’être la belle et blanche vertu de l’âme et du corps.

Il n’est jamais permis de tirer aucun impudique plaisir de nos corps en quelque façon que ce soit, sinon en un légitime mariage, duquel la sainteté puisse par une juste compensation réparer le déchet que l’on reçoit en la délectation. Et encore au mariage faut-il observer l’honnêteté de l’intention, afin que s’il y a quelque messéance en la volupté qu’on exerce, il n’y ait rien que d’honnête en la volonté qui l’exerce.

Le cœur chaste est comme la mère perle qui ne peut recevoir aucune goutte d’eau qui ne vienne du ciel, car il ne peut recevoir aucun plaisir que celui du mariage, qui est ordonné du ciel ; hors de là, il ne lui est pas permis seulement d’y penser, d’une pensée voluptueuse, volontaire et entretenue.

Pour le premier degré de cette vertu, gardez-vous, Philothée, d’admettre aucune sorte de volupté qui soit prohibée et défendue, comme sont toutes celles qui se