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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/241

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tissement et forcènerie ; mais la chaste amitié est toujours également honnête, civile et amiable, et jamais ne se convertit qu’en une plus parfaite et pure union d’esprits, image vive de l’amitié bienheureuse que l’on exerce au ciel.

Saint Grégoire Nazianzène dit que le paon, faisant son cri lorsqu’il fait sa roue et pavonnade, excite grandement feles femelles qui l’écoutent à la lubricité : quand on voit un homme pavoner, se parer et venir comme cela cajoler, chuchoter et barguigner aux oreilles d’une femme ou d’une fille, sans prétention d’un juste mariage, ah ! sans doute, ce n’est que pour la provoquer à quelque impudicité ; et la femme d’honneur bouchera ses oreilles pour ne pas ouïr le cri de ce paon et la voix de l’enchanteur qui la veut enchanter finement : que si elle écoute, o Dieu ! quel mauvais augure de la future perte de son cœur !

Les jeunes gens qui font des contenances, grimaces et caresses, ou disent des paroles esquelles ils ne voudraient pas être surpris par leurs pères, mères, maris, femmes ou confesseurs, témoignent en cela qu’ils traitent d’autre chose que de l’honneur et de la conscience. Notre Dame se trouble voyant un ange en forme humaine, parce qu’elle était seule et qu’il lui donnait des extrêmes, quoique célestes louanges : o Sauveur du monde, la pureté craint un ange en forme humaine, et pourquoi donc l’impureté ne craindra-t-elle un homme, encore qu’il fût en figure d’ange, quand il la loue des louanges sensuelles et humaines ?