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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/256

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est celle de laquelle je vous parle. La fuite d’icelles tient du dédain et mépris du prochain, et la recherche ressent à[1] l’oisiveté et à l’inutilité. Il faut aimer le prochain comme soi-même : pour montrer qu’on l’aime, il ne faut pas fuir d’être avec lui, et pour témoigner qu’on s’aime soi-même, on doit demeurer en soi- même quand on y est. Or, on y est quand on est seul : « Pense à toi-même, dit saint Bernard, et puis aux autres ». Si donc rien ne vous presse d’aller en conversation ou d’en recevoir chez vous, demeurez en vous-même et vous entretenez avec votre cœur ; mais si la conversation vous arrive, ou quelque juste sujet vous invite à vous y rendre, allez de par Dieu, Philothée, et voyez votre prochain de bon cœur et de bon œil.

On appelle mauvaises conversations celles qui se font pour quelque mauvaise intention, ou bien quand ceux qui entreviennent en icelles sont vicieux, indiscrets et dissolus ; et pour celles-là, s’en faut détourner, comme les abeilles se détournent de l’amas des taons et frelons. Car, comme ceux qui ont été mordus des chiens enragés ont la sueur, l’haleine et la salive dangereuse, et principalement pour les enfants et gens de délicate complexion, ainsi ces vicieux et débordés ne peuvent être fréquentés qu’avec hasard et péril, surtout par ceux qui sont de dévotion encore tendre et délicate.

Il y a des conversations inutiles à toute autre chose qu’à la seule récréation, lesquelles se font par un simple

  1. Sent.