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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/257

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divertissement des occupations sérieuses ; et quant à celles-là, comme il ne faut pas s’y adonner, aussi peut-on leur donner le loisir destiné à la récréation.

Les autres conversations ont pour leur fin l’honnêteté, comme sont les visites mutuelles et certaines assemblées qui se font pour honorer le prochain : et quant à celles-là, comme il ne faut pas être superstitieuse à les pratiquer, aussi ne faut-il pas être du tout incivile à les mépriser, mais satisfaire avec modestie au devoir que l’on y a, afin d’éviter également la rusticité et la légèreté.

Restent les conversations utiles, comme sont celles des personnes dévotes et vertueuses ; o Philothée, ce vous sera toujours un grand bien d’en rencontrer souvent de telles. La vigne plantée parmi les oliviers porte des raisins onctueux et qui ont le goût des olives : une âme qui se trouve souvent parmi les gens de vertu ne peut qu’elle ne participe à leurs qualités. Les bourdons seuls ne peuvent point faire du miel, mais avec les abeilles ils s’aident à le faire : c’est un grand avantage pour nous bien exercer à la dévotion, de converser avec les âmes dévotes.

En toutes conversations, la naïveté, simplicité, douceur et modestie sont toujours préférées. Il y a des gens qui ne font nulle sorte de contenance ni de mouvement qu’avec tant d’artifice que chacun en est ennuyé ; et comme celui qui ne voudrait jamais se pourmener qu’en comptant ses pas, ni parler qu’en chantant, serait fâcheux au reste des hommes, ainsi ceux qui tiennent un maintien artificieux et qui ne font rien qu’à cadence, importunent extrêmement la conversation, et en cette sorte de gens il y a toujours quelque espèce de pré-