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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/287

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aussi ouvrent-ils les pores du cœur, au moyen de quoi, si quelque serpent sur cela vient souffler aux oreilles quelque parole lascive, quelque muguetterie, quelque cajolerie, ou que quelque basilic vienne jeter des regards impudiques, des œillades d’amour, les cœurs sont fort aisés à se laisser saisir et empoisonner.

O Philothée, ces impertinentes récréations sont ordinairement dangereuses : elles dissipent l’esprit de dévotion, alanguissent les forces, refroidissent la charité et réveillent en l’âme mille sortes de mauvaises affections ; c’est pourquoi il en faut user avec une grande prudence.

Mais surtout on dit qu’après les champignons, il faut boire du vin précieux ; et je dis qu’après les danses, il faut user de quelques saintes et bonnes considérations, qui empêchent les dangereuses impressions, que le vain plaisir qu’on a reçu pourrait donner à nos esprits. Mais quelles considérations ?

1. A même temps que vous étiez au bal, plusieurs âmes brûlaient au feu d’enfer, pour les péchés commis à la danse ou à cause de la danse.

2. Plusieurs religieux et gens de dévotion étaient à même heure devant Dieu, chantaient ses louanges et contemplaient sa beauté. Oh ! que leur temps a été bien plus heureusement employé que le vôtre !

3. Tandis que vous avez dansé, plusieurs âmes sont décédées en grande angoisse ; mille milliers d’hommes et femmes ont souffert des grands travaux[1], en leurs lits, dans les hôpitaux et ès rues : la goutte, la gravelle,

  1. Souffrances.