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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/29

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voir, aussi bien dans Turin que si vous étiez près de moi[1] ». Une autre fois, comme son fils s’est informé de sa santé, elle lui répond, avec cette délicatesse si particulière aux mères : « Je me porte bien, Dieu merci, et me porterai toujours bien, quand je vous saurai en bonne santé, et que vous soyez bien sage et bien vertueux[2] ».

Mais le jeune homme n’était guère sage, en dépit des avertissements maternels, et des conseils affectueux qu’il recevait des anciens amis de son père. Aussi Madame de Charmoisy devient-elle plus pressante ; elle a entendu parler de « ses mauvais déportements » ; la mesure est comble : « Considérez, écrit-elle, que vous vous moquez de tous vos parents, de Monsieur de Genève, deMonsieur le premier Président » ; elle ajoute cependant : « Pour cette fois, je vous pardonne[3] ». Elle aura à lui pardonner longtemps encore ; car l’épreuve dernière, et peut-être la plus pénible de toute cette vie qui connut tant d’épreuves, lui viendra par ce fils. Un jour, quand il eut atteint sa vingt-cinquième année, Henri de Charmoisy, impatient d’entrer en possession de son patrimoine, envahit, en l’absence de sa mère, la maison de Marclaz et fit main basse sur les « droits, titres, linges et mobiliers » qui provenaient de la succession paternelle et dont Madame de Charmoisy avait reçu le dépôt… On voudrait passer sur ces détails douloureux ; mais ils étaient utiles pour faire comprendre jusqu’à quel point Philothée fut, suivant les conseils de son guide, douce à

  1. Lettre du 23 septembre, ibid., p. 222.
  2. Lettre du 18 novembre, ibid., p.2l8.
  3. Lettre sans date ; ibid., p. 224.