Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien plus avant, car il conseille aux femmes mariées de se vouer et destiner à la chasteté viduale, en cas que leurs maris viennent à trépasser devant elles, afin qu’entre les plaisirs sensuels qu’elles pourront avoir en leur mariage, elles puissent néanmoins jouir du mérite d’une chaste viduité par le moyen de cette promesse anticipée. Le vœu rend les œuvres faites en suite d’icelui plus agréables à Dieu, fortifie le courage pour les faire, et ne donne pas seulement à Dieu les œuvres, qui sont comme les fruits de notre bonne volonté, mais lui dédie encore la volonté même, qui est comme l’arbre de nos actions. Par la simple chasteté nous prêtons notre corps à Dieu, retenant pourtant la liberté de le soumettre l’autre fois aux plaisirs sensuels ; mais par le vœu de chasteté nous lui en faisons un don absolu et irrévocable, sans nous réserver aucun pouvoir de nous en dédire, nous rendant ainsi heureusement esclaves de Celui, la servitude duquel est meilleure que toute royauté. Or, comme j’approuve infiniment les avis de ces deux grands personnages, aussi désirerais-je que les âmes, qui seront si heureuses que de les vouloir employer, le fassent prudemment, saintement et solidement, ayant bien examiné leurs courages, invoqué l’inspiration céleste et pris le conseil de quelque sage et dévot directeur, car ainsi tout se fera plus fructueusement.

2. Outre cela, il faut que ce renoncement de secondes noces se fasse purement et simplement pour, avec plus de pureté, contourner toutes ses affections en Dieu, et joindre de toutes parts son cœur avec celui de sa divine Majesté ; car si le désir de laisser les enfants riches, ou quelque autre sorte de prétention mondaine arrête la