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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/350

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soit totalement passée, sinon que ce fût chose qui ne se pût différer ; et alors il faut, avec un doux et tranquille effort, retenir le courant de votre désir, l’attrempant et modérant tant qu’il vous sera possible, et sur cela, faire la chose non selon votre désir, mais selon la raison.

Si vous pouvez découvrir votre inquiétude à celui qui conduit votre âme, ou au moins à quelque confident et dévot ami, ne doutez point que tout aussitôt vous ne soyez accoisée ; car la communication des douleurs du cœur fait le même effet en l’âme, que la saignée fait au corps de celui qui est en fièvre continue : c’est le remède des remèdes. Aussi le roi saint Louis donna cet avis à son fils : « Si tu as en ton cœur aucun malaise, dis-le incontinent à ton confesseur ou à aucune bonne personne, et ainsi pourras ton mal légèrement porter, par le réconfort qu’il te donnera ».


CHAPITRE XII

DE LA TRISTESSE


« La tristesse qui est selon Dieu, dit saint Paul, opère la pénitence pour le salut ; la tristesse du monde opère la mort ». La tristesse donc peut être bonne et mauvaise, selon les diverses productions qu’elle fait en nous. Il est vrai qu’elle en fait plus de mauvaises que de bonnes, car elle n’en fait que deux bonnes, à savoir miséricorde et pénitence ; et il y en a six mauvaises, à savoir : angoisse, paresse, indignation, jalousie, envie,