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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/363

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trouver Dieu, ni aucune eau de grâce qui la puisse arroser, à cause des sécheresses qui, ce semble, la réduiront totalement en friche. Hélas ! que l’âme qui est en cet état est digne de compassion, et surtout quand ce mal est véhément ! car alors, à l’imitation de David, elle se repaît de larmes jour et nuit, tandis que par mille suggestions l’ennemi, pour la désespérer, se moque d’elle et lui dit : « Ah ! pauvrette, où est ton Dieu ? par quel chemin le pourras-tu trouver ? qui te pourra jamais rendre la joie de sa sainte grâce ? »

Que ferez-vous donc en ce temps-là, Philothée ? Prenez garde d’où le mal vous arrive : nous sommes souvent nous-mêmes la cause de nos stérilités et sécheresses.

1. Comme une mère refuse le sucre à son enfant qui est sujet aux vers, ainsi Dieu nous ôte les consolations, quand nous y prenons quelque vaine complaisance et que nous sommes sujets aux vers de l’outrecuidance : « Il m’est bon, o mon Dieu, que vous m’humiliiez ; oui, car avant que je fusse humiliée, je vous avais offensé ».

2. Quand nous négligeons de recueillir les suavités et délices de l’amour de Dieu, lorsqu’il en est temps, il les écarte de nous en punition de notre paresse : l’Israélite, qui n’amassait la manne de bon matin, ne le pouvait plus faire après le soleil levé, car elle se trouvait toute fondue.

3. Nous sommes quelquefois couchés dans un lit des contentements sensuels et consolations périssables, comme était l’Épouse sacrée ès Cantiques : l’Époux de nos âmes buque à la porte de notre cœur ; il nous inspire de nous remettra à nos exercices spirituels ; mais nous